Face à la violence d’un groupe armé : l’évitement !

Mettons à profit l’analyse de faits divers extrêmement violents qui ne cessent de se multiplier dans notre pays.

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Un adolescent de 15 ans a été agressé aux couteaux par un groupe de personnes à la marge de la foire-kermesse de Mulhouse, il doit sa survie à la présence de forces de l’ordre maitrisant le geste de premier secours.

En l’absence d’informations contextuelles, hormis la proximité d’une fête foraine, nous ne pouvons analyser le fait déclencheur de cette violence. Nous nous limiterons à expliquer les ressorts de la violence de groupe et comment y faire face.

Les deux moteurs de la violence de groupe sont la défense du territoire et la nécessité de souder le groupe.

Défense de territoire

Le concept de proxémie d’Edward T. Hall, souvent abordée en défense personnelle, est l’étude des distances dans les relations interpersonnelles. Elle est bornée par la distance intime (inférieure à 45cm la taille d’un bras) zone de la sexualité ou du combat et la distance publique au-delà de 4 mètres lorsque l’on interfère avec un inconnu. Le groupe porte aussi avec lui son territoire, une bande de délinquants qui se tient à un endroit donné considère qu’il est chez lui et tout étranger qui s’en rapproche trop est un intrus à punir. Le groupe s’attend, par ses attitudes (cris, mouvements brusques, position corporelle de défiance) à ce que personne n’ose les approcher, voir même les regarder. La volonté est de faire peur et cette peur est un pouvoir sur les autres n’appartenant pas au groupe. Un individu qui ne respecte pas ce territoire imaginaire même par inadvertance est un déclencheur de la violence du groupe. Cette forme de domination du groupe sur son prochain génère une violence extrême pouvant aller jusqu’à la mort de la victime.

Souder le groupe

Pour exister et dominer, le groupe doit continuellement maintenir le lien entre ses composants. Participer à une action violente en réunion est un fort vecteur de lien. L’origine peut être trouvée chez nos ancêtres lorsqu’ils chassaient en groupe des animaux sauvages. Cette sociabilisation, née de la nécessité de tuer un animal pour survivre, est un puissant agent de cohésion, on le retrouverait donc détournée dans un rituel de domination de groupe, la victime remplace alors l’animal traqué. C’est aussi l’occasion de prouver sa loyauté en participant à une violence qui n’aurait jamais eu lieu si l’acteur était isolé. Sortir un couteau est trancher la victime est aussi une preuve de sa dangerosité et permet d’assurer un certain statut dans le clan. Dans notre cas, plusieurs individus ont utilisé une arme blanche, cela peut exprimer une recherche de statut au sein de la meute ou un mimétisme dans la violence pour prouver sa loyauté. Gustave Le Bon, analysant la psychologie des foules au 19eme siècle, a expliqué la dilution de responsabilité des individus au sein d’une foule, l’action isolée de mettre un coup de couteau est minimisée par l’action commune.

Que faire face un groupe agressif et armé ?

Nous l’avons vu, la violence de groupe de par sa dangerosité et son asymétrie est extrêmement difficile à contrer. Seule deux stratégies s’offrent au citoyen confronté à cette dernière, l’absence ou la simuler la folie. Vouloir négocier, discuter face à un groupe violent n’aura aucun résultat, voir empirera la situation.

L’absence préventive et curative

Le mieux est de ne pas être confronté à la violence d’un groupe en étant absent. L’absence préventive est la capacité à lire son environnement et ainsi éviter certains lieux et personnes. La proximité d’une kermesse de nuit dans un quartier suburbain d’une métropole doit nous rendre plus vigilant qu’à l’accoutumée. La présence d’un groupe dans cette fange (lieu de passage) est un important signal d’alerte qui doit nous faire éviter le lieu.

L’absence curative est la fuite organisée lorsque le contact avec le groupe violent a déjà débuté. La fuite n’est pas simplement de prendre ses jambes à son cou, elle nécessite une analyse éclaire de l’environnement couplée à des prises de décision instantanées quant au timing, à la distance et la vitesse. La fuite est exercée fréquemment dans les leçons de Krav-Maga, tout comme la « démission » face à une situation de self-défense qui nous dépasse.

Si vous êtes parent d’adolescents, il est de votre devoir d’expliquer cela à vos enfants. La fuite n’est pas une honte. Elle diverge des habituelles injonctions de « sois fort », « sois courageux », elle va leur apprendre à exercer leur discernement, particulièrement utile dans des situations périlleuses et stressantes.

Simuler la folie

D’après Rory MILLER, dans « Face the violence », lorsque la fuite n’est pas une option et si vous en avez la capacité, faire le fou peut-être une solution. Cette attitude, inattendue et surprenante de la victime pourra laisser les individus du groupe inactifs. La folie d’une victime minimise l’enjeu de domination du groupe violent. Pour simuler la folie, il faut l’avoir côtoyée et analysée ce qui n’est pas le cas du plus grand nombre, les malades étants soustraits à la société. La capacité de mimer la folie tout en respectant les postures de la maladie n’est pas à la portée de tous : simuler une nuque figée, un regard fuyant, des paroles découses, baver… De plus, cette stratégie n’a pas une garantie d’efficacité, les faits divers d’agressions de personnes en situation de handicap grossissent les statistiques des violences faites aux personnes.

3 points à retenir

En conclusion, face à la violence de groupe, potentiellement très dangereuse, le mieux est l’évitement par une vigilance augmentée dans certains contextes. Pour cela, il faut :

  • être attentif au moment présent (ne pas être concentré sur son smartphone ou dans ses pensées)
  • écouter son intuition qui aura déjà fait le travail de scanning du contexte, votre inconscient travaille pour votre survie H24 (nous reviendrons sur ce concept dans un prochain article)
  • balayer les croyances « je ne risque rien », « ils ne sont pas dangereux » et les remplacer par une analyse factuelle de la situation : nombre d’individus, chemins de fuites, DOC (cf précédent article du blog)

Restez vigilants !

 

Sources :

Edward T. Hal « La Dimension cachée »

Rory MILLER « Face the violence »

Gustave Le Bon « Psychologie des foules »

KMBR

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